Lumière sur...
Le ronflement nocturne
20 janvier 2016
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On m’a demandé récemment ce que propose la Médecine Traditionnelle Chinoise (M.T.C.) pour traiter les ronflements nocturnes ! Question intéressante à laquelle je ne peux me soustraire.

Afin d’essayer d’y apporter une réponse, étudions de manière naturaliste, rationnelle et par analogie, les causes potentielles de ce problème, fusse-t-il qu’il en soit un ! En effet, cette pseudo-pathologie pouvant être problématique ou pas selon le degré d’incidence voir même rester totalement inaperçu, dès lors qu’un ronfleur dormant seul n’entend que rarement ses propres ronflements ! Et en quelque-sorte le désagrément s’en retrouve souvent déporté sur la personne qui en subit l’audition (certains peuvent devenir les patients eux-mêmes, mais c’est un autre sujet !). Aussi il est judicieux dans un tel cas que la personne qui consulte soit accompagné d’un solide témoignage sur la nature et les détails de ce ronflement. Le type de bruit, la fréquence, la durée et d’autres signes associés vont être les premiers critères à prendre en compte dans le diagnostic chinois (les autres examens habituels étant exhaustifs).

Le ronflement peut se comparer aux vibrations d’une membrane souple à l’intérieur d’une cavité qui fait caisse de résonance comme un instrument de musique de ce type (clarinette, basson…) ou alors d’une vibration d’air « pincé » par les lèvres et poussé dans un tuyau, la vibration est alors produite à l’extérieur de l’instrument (trompette, tuba, cor de chasse !...), et aussi, si le ronflement s’accompagne de bruit vocaux, il y a en plus comme un frottement de quelque-chose sur les cordes vocales (l’archer du violon).
[Les vocalises durant un ronflement peuvent faire l’objet d’une étude secondaire car en effet, même s’il peut y avoir un caractère physiologique en cause, la M.T.C. peut y voir également une cause d’ordre psychologique, plus en rapport avec les fonctions liées au « cœur » et ses attributions psycho-émotionnelles…]

Comparons maintenant l’instrument de musique au corps :
Notre appareil respiratoire c’est le corps de l’instrument,
le poumon un soufflet (comme pour la cornemuse ou l’accordéon) ou la bouche du musicien,
la cloison palatale (palais) c’est la membrane vibrante (hanche de la clarinette par exemple),
les cordes vocales sont les cordes de l’instrument (facile !).
L’air contenu dans nos poumons, larynx, pharynx, nez et bouche occupe le vide à l’instar du vide interne de l’instrument musical. (La fonction « Poumon » est de recueillir le Qi de l’air, en M.T.C. Il est creux et il donne sur l’extérieur par les narines, et se connecte à la peau, qui recouvre entièrement notre corps, sans discontinuité).
La notion de vide est aussi importante que celle du Qi dans ce système de pensée :
« Une maison est percée de portes et de fenêtres, mais c’est son vide interne qui en permet l’occupation, on façonne de l’argile pour en faire des vases, mais c’est du vide interne qu’en dépend l’usage… » [Lao-Tseu].

Voilà donc notre orchestre installé ! Des dysfonctionnements ou mouvements dans cet espace vide peuvent engendrer des vibrations (portes ou volets qui grincent, meubles qui bougent dans la cabine d’un bateau ! Etc…), c’est une sorte de « mauvais vent », qui n’est pas à sa place !

Un son grave et caverneux traduit une souplesse, mollesse, excessive des membranes ou cordes,
alors qu’un son aiguë en exprime une tension ou serrement excessif ;
un son faible traduit un souffle faible également,
mais un son fort exprime une pression plus forte sur le soufflet (poumon) ;
un son à l’expire traduit un relâchement,
tandis qu’un son à l’inspire traduit une constriction ;
un son à l’inspire et à l’expire montre une alternance des deux*
et un son étranglé traduira plus une situation de blocage (de Qi ou de matière).

Que constate-t-on ? Nous avons bien principalement deux grandes situations différentes : l’une est déficience, vide, faiblesse de quelque-chose : le vent est faible mais l’ancrage à la terre n’est pas suffisant, une simple brise fait bouger un bateau !
L’autre étant plus connotée de trop plein, trop fort : le vent fort déplace les objets même s’ils sont bien arrimés au sol… (Souvent des grandes maisons très solides émettent des craquements pendant une tempête…)
Une troisième situation, celle du blocage correspondrait à un espace dont il faut en pousser des encombrants pour pouvoir passer, ce qui engendre du bazar ! Il y’a des rebus ou déchets qui jonchent le sol ! (La clarinette du musicien est pleine de bave : couac, le canard !!)

Le principe de traitement de ce dysfonctionnement va donc jouer sur les causes du problème, à savoir, pour simplifier :
S’il y a faiblesse, déficience, il faudra renforcer ; s’il y a pléthore (comme disaient les anciens !), il faudra diminuer, apaiser la/les fonctions ou le terrain, liés au « poumon » qui déséquilibrent la respiration. S’il y a blocage, il faut chasser les choses qui encombrent le passage ! (un coup de chiffon dans la flute !)

Les aiguilles sont généralement bien appropriées à traiter ces cas, leurs champ d’action étant préconisé pour disperser des excès, qu’ils soient énergétiques (Qi) ou matériels (liquides, humeurs…), ou en complémentation du vide, en pontant le Qi d’un organe solide vers celui qui est faible, comme le ferais un électrotechnicien sur un grand réseau !
Pour les situations de blocage, si c’est le Qi qui n’assure plus sa fonction, les aiguilles sont bien aussi, mais si ce sont des éléments extérieurs ou en surnombre (glaires, mucosités, gras…) qui gênent, la pharmacopée sera plus adaptée dans ce cas, mais il y a aussi les ventouses et les moxas qui seraient utiles selon le type de blocage.

Les points d’acupuncture à utiliser varieront très sensiblement d’une personne à une autre, il n’y a pas de « recette » ou de « point unique » comme certains média peu scrupuleux veulent nous faire croire !
Vous pouvez aussi utiliser les sprays qui anesthésient votre larynx, ce qui peut fonctionner un temps, jusqu’à que votre larynx n’en puissent plus, ne réagisse même plus au produit et que les ronflements s’installent durablement…

Bref, quelque-soit le type de ronflement, un seul traitement y sera à préconiser : le vôtre, issu d’un diagnostic chinois personnalisé, vous l’avez bien compris !

Frédérick Marchand

*Plus fréquent car le Yin et le Yang auto-entretienne leur opposition naturelle comme les mouvements de pédalier d’un vélo (!), le corps cherchant à reprendre le contrôle. On constate qu’un ronflement ne dure pas toute une nuit complète (auquel cas le diagnostic serait plus complexe !) « …Un orage ne dure pas toute une journée… » [Lao-Tseu]

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