La pharmacopée chinoise

Origine et évolution d’une science ancestrale

Chinese-Herbs_detouréeLa pharmacopée chinoise est le fer de lance des outils thérapeutiques de cette ethnomédecine dont c'est la plus grosse branche et certainement la plus ancienne aussi de par le fait naturaliste que l'on se maintient et se soigne avec ce que l'on avale...

"Que ton aliment soi ton médicament."(Hippocrate)

Ce savoir a été transmis de génération en génération, d’abord de manière orale puis matérialisé par un ouvrage  de l’empereur Shen Nong qui en posa les premières fondations en compilant le Shen Nong Ben Cao Jing (le Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste !) et ce, 2500 ans avant notre ère !! Bien que ces dates restent controversées, il est certain que nos ancêtres préhistoriques connaissaient déjà certaines plantes pour se soigner, à l’instar des animaux sauvages qui trouvent facilement leurs remèdes dans la nature, ceci repoussant encore plus loin dans le temps l’esprit de cette méthode, sans conteste…
L’étude de cette matière engendrera de nombreux ouvrages en Chine dont celui de Li Shi Zhen, sous la dynastie des Ming en 1578, le Ben Cao Gang Mu, une  évolution majeure qui fait encore référence aujourd’hui.
Esprit trad LeungPlus récemment, M. Leung Kok Yuen (1922-2013), digne représentant d’une lignée de médecins chinois remontant à la fin de la dynastie Ming (dates incertaines), a lui aussi contribué à apporter des modifications de certaines formules. D'une part pour les adapter à une société moderne occidentalisée (qu’il a découvert en fuyant un régime chinois hostile à la fin des années 40 et se réfugiant au Canada), d'autre part il a aussi banni l’utilisation des produits non-éthiques (animaux ou végétaux en voie de disparition par exemple) par soucis d’écologie, propre à une médecine naturaliste et aussi pour transmettre aux générations futures ce trésor, cette vision et son savoir à travers les enseignements aujourd'hui dispensés par le CEDRE à travers la personne d'un de ses disciple, M. Patrick Shan.

La grande différence notable entre notre antique et moyenâgeuse pharmacologie Occidentale (Hippocrate, Dioscoride, Hildegarde Von Bingen, Paracelse…) et la pharmacopée chinoises réside dans le fait que pour cette dernière, aucune interruption de l’étude ni de la transmission n’ont été avérée, ce qui n’est pas le cas en Occident par la faute des ruptures religio-culturelles à répétition ainsi que la diabolisation de ces méthodes. Notre science en a pris un sérieux coup de retard dans ce domaine !


L’esprit des plantes

L’utilisation des plantes chinoises est une médecine allopathique, c’est-à-dire qu’elle traite par les contraire, il ne faut donc pas la confondre avec l’homéopathie qui elle, traite par les semblables.

Ce n’est pas tant le produit actif de la plante qui est recherché pour soigner en Médecine Traditionnelle Chinoise mais son Qi : c’est sa nature, sa saveur, ses particularités et sa capacité de synergie avec les autres plantes qui est exploitée. Elles agissent comme les membres d’un gouvernement ! C’est en cela qu’on peut lui octroyer un « esprit ». En adéquation avec un diagnostic clair, posé en terme de climats ou Yin-Yang (les mêmes règles qui régissent le monde végétal), il est plus simple pour le praticien de trouver en toute logique la bonne formule de plantes qui va répondre au besoin de l’organisme. L’établissement d’une formule n’est donc pas destiné à créer un remède à la maladie, mais une aide précieuse au malade pour la combattre en y extrayant le bon Qi !

Alors que la plupart des médicaments occidentaux sont des anti-quelque-choses, les remèdes chinois traditionnels sont plutôt des pro-quelque-chose !! En effet pour briser des vagues tempétueuses, on pose de lourds brise-lames, on n’essaye pas de vider l’océan !

Et l’esprit des plantes désigne aussi le caractère sacré du vivant : on cultive la terre avec respect pour avoir de bons aliments, on prie le ciel d’apporter un climat propice aux récoltes… Et si une plante à une saveur particulière, elle soulève en nous une émotion particulière. Elle nous parle et nous en tirons sa substance, sa quintessence qu’elle-même tire de la Terre !mandragore

Oui il y a une dimension supérieure dans l’utilisation des plantes, partout dans le monde les légendes fleurissent sur des phénomènes extra-végétaux : le folklore elficologique en Europe, les traditions amérindiennes, africaine, etc… tous regorgent d’histoires de plantes vivantes et pensantes ! En Occident, au Moyen-âge, on récoltait la Mandragore, une racine anthropomorphe, avec des filins attachés à la plantes, un chien à l’autre extrémité tirant dessus et le maître plus loin, les oreilles bouchées de cire car disait-on, la Mandragore pousserait un cri infernal en la sortant de terre !!


Peut-on faire confiance aux plantes chinoise ?

Les plantes "aux yeux bridés" seraient-t-elles dangereuses ?!! Outre ce facétieux délit de faciès, il faut savoir que les Chinois ont toujours eu un profond respect pour la pharmacopée traditionnelle qui les soigne depuis des lustres. Comme quand on cultive son jardin, on en prend soin car il nous nourrit et on veille à ce que les produits qui en viennent soit de la meilleurs qualité possible. Les Chinois sont doublés d’un grand sens du commerce aussi, depuis fort longtemps et n’envisagent pas de déroger à cette règle ! Le commerce international n’étant pas frileux à l’égard du régime politique chinois (car pragmatique avant tout), la fourniture en plantes médicinales chinoises n’a jamais connu de crise.

« On ne mord pas la main qui nous nourrit » !

La qualité, comme toute chose, se paye. Comme les grands vins de chez nous, certains remèdes chinois se vendent à prix d’or et ce, de par leurs qualités exceptionnelles, reconnues et contrôlées. Un vignoble français se permettrait-il de mettre en bouteilles millésimées, pour l’exportation, une infâme piquette ?!! Les experts autant que les amateurs ne s’y tromperaient pas ! Donc non ! En commerce, personne n’a d’intérêt à se tirer une balle dans le pied !

Certes il y’a eu des dérives, des accidents malheureux avec certaines plantes chinoises, c’est connu, mais l’erreur étant humaine, par ignorance et manque de bon sens et non imputable à l’action médicinale du produit… Il s’agit de ne pas donner des doses de cheval à des chatons ou pire, de confondre les étiquettes ! Cela va de soi !


Quel est l’intérêt de cette méthode de traitement ?

Le choix de la pharmacopée chinoise est intéressante pour la résolution de problèmes qui prendraient du temps à résoudre par de nombreuses visites en cabinet, ce qui peut devenir coûteux sur le long terme. Alors que la pharmacopée chinoise apporte, pendant un délais donné, une responsabilité et une autonomie dans le traitement en redonnant aux personnes un pouvoir de se soigner par eux-mêmes, chez eux et avec simplicité. Les formulations sont toujours étudiées afin de poursuivre le travail appliqué en cabinet, ciblées uniquement pour la personne et le problème présent. Aussi il sera plus logique pour le praticien de recourir à ce conseil lorsque la personne présente des signes de déficiences, qui ne sauraient être "nourris" par d'autres traitements mécaniques et externes.